Assistance alimentaire prolongée pour la construction de la résilience dans la zone de l’Assaba

Vendredi 2 décembre 2016 - 09:36

Dans la région d’Assaba, l’agriculture est la principale source de subsistance pour la population locale. Cependant, la région est souvent frappée par la sècheresse et la manque de pluies ce qui affecte la quantité et la qualité des récoltes des agriculteurs. Vue la forte augmentation démographique dans cette zone ces dix dernières années, les ressources alimentaires s’épuisaient rapidement ce qui augmente le risque d’insécurité alimentaire.  Tous ces facteurs font que les ménages n’arrivaient pas à se relever après ces chocs récurrents, mettant leurs enfants  face à de sérieux risques de malnutrition. Selon les dernières enquêtes nutritionnelles conduites par le ministère de la santé et l’UNICEF en 2015, la région de l’Assaba est la plus touchée par la malnutrition des enfants en Mauritanie. L’enquête présente des résultats alarmants sur la malnutrition aigüe global et sévère avec 20.5%  et 3.1% respectivement,  ce qui met cette zone au-dessus du niveau d’urgence vue les deux indicateurs. « Nos enfants étaient trop faibles et ils tombaient souvent malade. On ne savait pas que cela était en rapport avec leurs nutrition alors on les amenait souvent à l’hôpital pensant que c’était quelque chose de grave. C’était vraiment difficile pour nous de voir nos enfants dans cette état et parfois on craignait que le pire allait arriver » raconte Matty, mère d’un enfant bénéficiaire du projet à Guérou.

Pour apporter une réponse à cette menace, World Vision Mauritanie en partenariat avec Le Programme Alimentaire Mondial a initié le projet d’assistance alimentaire prolongé pour la construction de la résilience en Assaba (ASSAPRA) pour la lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition des enfants. Le projet est financé par PAM avec le soutien des bureaux de World Vision Etats Unis, Allemagne et Canada et s’opère en collaboration avec le ministère de la santé, trois partenaires locaux qui contribuent à l’implémentation de certaines activités du projet et le Commissariat de la Sécurité Alimentaire. Le projet fait partie d’une intervention de plusieurs années dont la phase courante d’une durée de 9 mois, du 10 février au 31 décembre et intervient dans la région de l’Assaba. Le but du projet  est de contribuer au renforcement de la résilience des ménages les plus vulnérables grâce à une approche intégrale et multidimensionnelle. Le projet cible les enfants de 0 à 59 mois et les femmes enceintes et allaitantes. 1627 enfants malnutris modérés ont bénéficiés du projet et 5262 femmes enceintes et allaitantes ont reçu une ration de trois mois de l’huile, sucre, blé et farine fortifiée pour prévenir contre la malnutrition, l’équivalent de 102.361  tonnes métriques. 104 auxiliaires dans 52 centres de traitement de la malnutrition aigue modéré (CRENAM) ont reçu des formations dispensées par le projet.  Le projet contribue également à l’amélioration de la sécurité alimentaire au niveau local à travers l’implémentation de systèmes de protection sociale et des réseaux sociaux productifs. « Avec ce projet, on est mieux sensibilisé sur la question de la malnutrition et on fait plus attention à ce qu’on donne comme nourriture à nos enfants. On reçoit de la farine fortifiée (CSB++), du sucre et de l’huile chaque 15 jour pour nourrir nos enfants afin qu’ils ne retombent pas dans la malnutrition. Les femmes enceintes aussi sont concernées par ces distributions car elles reçoivent de la farine fortifiée (CSB+), du blé avec de l’huile et on sent l’impact de ce projet  sur nous les mères d’abord et sur nos enfants aussi.  Je remercie beaucoup World Vision et le PAM pour cette action et on espère que ce projet continue ce qui est d’ailleurs le souhait de toutes les autres mères», continue Matty.

Le projet intervient également dans d’autres domaines liés à la résilience des ménages. Certaines familles bénéficient de cash conditionnel qui leurs permet de travailler et subvenir à leurs besoins. A titre d’exemple, l’activité d’agriculture à travers la construction d’une digue dans le village de Dveiligue dans la commune d’Aghorat. Cette  digue permet à la communauté locale de cultiver pour couvrir leurs besoins en nourriture. « Avant l’arrivée du projet, nous n’avions aucune activité donc aucune source de revenu.  Certains n’arrivaient pas à nourrir leurs familles. Personne ne s’intéressait à nous ni à ce que nous vivions comme calvaire juste pour survivre au quotidien. On ne savait pas ce qui allait  arriver à nos enfants qui n’allaient pas à l’école déjà. C’est grâce à ce projet que notre vie a changé. Certaines familles avaient quitté le village depuis cinq ans à cause de manque d’eau mais avec la construction de cette digue, ceux qui étaient partis sont de retour maintenant. Cette digue nous permet de cultiver du blé, corn de maïs, haricot, lentille et autres variétés sur lesquelles on dépend pour notre survie » dit Mokhtar  ould Soueidy, bénéficiaire du projet ASSAPRA  à travers le Cash contre travail à la digue de Dgueiliva.    

Le projet soutien aussi les ménages les plus vulnérables et sans activité génératrice de revenu à travers des dons de cash inconditionnel. Ces familles sont choisies par un comité local avec les ménages pauvres ou très pauvres étant ciblées. « Comme vous pouvez le constater, nous sommes des familles très pauvres et sans soutien financier. On n’avait pas de quoi acheter des vêtements ou cahier pour nos enfants. On peinait aussi à assurer les dépenses au quotidien mais tout cela a changé avec l’arrivée de ce projet. Chaque famille sélectionnée bénéficie de 12 mille UM régulièrement. Personnellement, J’utilise ce montant essentiellement pour acheter des fournitures scolaires pour mes enfants. Pendant les fêtes aussi cela peut être utile pour l’achat de nouveaux habits pour les enfants »dit Siktou mint Abdallahi, bénéficiaire du projet.

4600 ménages ont bénéficiées du cash inconditionnel dans la région de l’Assaba, à raison de 12 mille UM par ménage. Dans certaines communes, les ménages se sont regroupées et ont réussis à mettre en place des activités génératrices de revenu (AGR) comme des boutiques de vente de couscous ou de la viande.

 

 

Ecrit par Ibrahima Diallo.