RD Congo : Aliments locaux – une valeur ajoutée à la diversification des repas scolaires au Grand Kasaï

Par Pascaline Milemba, Chargée des Communications
Au troisième trimestre de l’année 2025, le programme d’alimentation scolaire mis en œuvre dans le Grand Kasaï a renforcé sa stratégie de diversification des repas en valorisant la production agricole locale. Cette approche intégrée vise non seulement à améliorer l’apport nutritionnel des repas scolaires, mais aussi à renforcer l’autonomie des communautés bénéficiaires.
Dans la zone de santé de Miabi, dans la province du Kasaï Oriental, Albert Dibondo, agronome rattaché au projet, fait état d’une récolte variée et prometteuse pour ce trimestre. Parmi les produits récoltés figurent les feuilles de manioc de la variété OBAMA, les racines tubéreuses de manioc, le haricot niébé, les choux de Chine, les feuilles de patate douce, entre autres.
« Ces cultures ont été choisies pour leur résilience et leur valeur nutritive. Le choix porté sur les niébés, par exemple, fait suite à leur forte appréciation dans la ration alimentaire. De plus, ils sont déjà bien ancrés dans les habitudes alimentaires locales », explique-t-il.
Une Dynamique Communautaire Encouragée
Dans le territoire de Luiza, au Kasaï Central, précisément dans la zone de santé de Masuika, l’ingénieur Gauthier Nzangi observe une évolution significative, marquée par un changement dans le choix des cultures.
« Nous avons cultivé durant ces trois derniers mois du niébé, des patates douces et du gombo. Ce choix résulte de la rotation des cultures, mais aussi des besoins en protéines. Depuis le lancement du projet, ces productions ont été réajustées et elles inspirent aujourd’hui les foyers locaux », affirme-t-il.
Dans la province de Lomami, zone de santé de Kabinda, Godefroid, ingénieur agronome, cite pour sa part la culture du chou de Chine, du gombo, des tubercules de patate douce, du niébé, des tomates et de l’amarante comme principales productions locales. Leur sélection repose sur des critères économiques.
« Ces produits ont été choisis pour leur rentabilité sur le marché local, ce qui représente un facteur de motivation supplémentaire pour les familles impliquées ».
Le Repas Scolaire, un Levier Educatif
Au-delà de l’agriculture, c’est toute une approche éducative qui se déploie autour du repas scolaire, selon Paulin Tshibang, coordonnateur du programme d’alimentation scolaire dans le Grand Kasaï. Il affirme que les produits issus des jardins communautaires, maraîchers et scolaires sont directement intégrés dans les repas des enfants.
« Cela renforce non seulement l’impact nutritionnel mais aussi la diversité des repas proposés aux enfants », fait-il savoir.
Et Pendant les Vacances Scolaires ?
Alors que l’année scolaire s’achève dans la plupart des écoles pilotes, une question cruciale se pose : qu’adviendra-t-il du programme en l’absence des animateurs scolaires ?
À cette question, Paulin se veut rassurant :
« Les communautés se sont totalement approprié l’initiative. Des points focaux communautaires ont été désignés dans chaque école. Toutes les dispositions ont été prises pour qu’ils assurent la relève pendant les vacances. Les produits récoltés seront soit vendus pour ceux qu’on ne peut pas conserver et les recettes gérées par le comité des parents pour subvenir aux besoins de l’école, soit stockés jusqu’à la rentrée ».
Un Modèle de Résilience Communautaire
En somme, le programme d’alimentation scolaire dans le Grand Kasaï ne se limite pas à nourrir les enfants. Il contribue à former des communautés plus autonomes, résilientes et engagées. À travers une combinaison harmonieuse de production locale, d’éducation nutritionnelle et de participation communautaire, le projet se révèle être un véritable levier de développement durable.