RD Congo : Comment l’Eau Potable et de Petits Gobelets ont Transformé l’Hygiène des Elèves à Lualaba

Les enfants buvant de l'eau, chacun avec son gobelet
Mardi 22 avril 2025 - 14:09

Par Tatiana Ballay, Chargée de communication

À Mutshatsha, une ville rurale de la province du Lualaba, dans le sud de la République démocratique du Congo, l’École Primaire Amani a longtemps souffert d’un manque d’accès à l’eau potable. Jusqu’en septembre 2022, les élèves fréquentaient l’école sans aucune source d’eau sur place, une réalité encore très répandue dans la région. En 2023, on estimait que trois écoles sur dix dans la région ne disposaient toujours pas d’eau potable ni d’installations sanitaires de base, alors même que l’eau et l’hygiène sont essentielles pour la fréquentation scolaire et la réussite académique.

La situation a changé lorsqu’un forage a été installé dans l’enceinte de l’école, fournissant enfin une eau propre et sûre à plus de 1 600 élèves et enseignants. L’impact a été immédiat : plus besoin de marcher longtemps pour aller chercher de l’eau, les élèves pouvaient boire tout au long de la journée, et l’hygiène générale à l’école s’est améliorée.

« Avant le forage, on perdait beaucoup de temps à chercher de l’eau. Maintenant, tout est plus simple », raconte Célestin, 10 ans, 

élève de sixième année à l’Ecole Primaire Amani, en évoquant à quel point l’école a changé depuis l’installation du robinet.

Mais un petit détail empêchait encore de profiter pleinement des bienfaits de cette eau potable : la manière dont les enfants la buvaient. Faute de gobelets ou de tasses, la plupart des élèves buvaient directement au robinet avec leurs mains. À chaque pause, de longues files d’enfants se penchaient sur le robinet, formant un creux avec leurs mains pour avaler quelques gorgées.

Ce n’était pas l’idéal. « La seule façon pour un enfant de boire, c’est de se pencher sur le robinet. Il n’y a pas de gobelets. Ce n’est ni pratique ni hygiénique », explique un enseignant. 

Les plus jeunes avaient particulièrement du mal, renversant l’eau, peinant à atteindre le jet et contaminant la source avec leurs mains sales. 

Célestin avoue : « Je buvais avec mes mains et l’eau devenait vite sale. Parfois, je préférais rester assoiffé plutôt que de boire comme ça. »

En moyenne, pour chaque litre d’eau qui coulait ainsi, seuls 100 millilitres étaient réellement consommés ; le reste se perdait au sol.

Ainsi, bien que le forage ait apporté l’eau, les élèves n’en buvaient toujours pas suffisamment, et les risques sanitaires restaient élevés.

L’École Primaire Amani n’était pas un cas isolé. D’autres écoles de la province disposant d’un point d’eau faisaient face au même problème. La solution ? Étonnamment simple.

Début 2025, un lot de gobelets en plastique neufs a été distribué dans quatre écoles : l’École Primaire Amani, le Lycée Mutshatsha, l’École Primaire Maendeleo et l’École Primaire Tshifula. Chaque élève quel que soit son âge a reçu un gobelet personnel à utiliser pendant la journée scolaire. Au total, 3 625 gobelets ont été distribués : 1 625 à l’EP Amani, 850 au Lycée Mutshatsha, et 575 chacun aux écoles Maendeleo et Tshifula.

Le jour de la distribution, les élèves se sont alignés, classe par classe, souriant timidement en recevant leur nouveau gobelet coloré.

« On nous a dit de toujours rincer le gobelet avant de boire, et de le garder propre », explique Marie, 11 ans, élève de cinquième année à l’EP Amani, en montrant fièrement son gobelet bleu.

Grâce à ces gobelets personnels, les élèves peuvent désormais boire de manière sûre et confortable. Fini les bousculades au robinet ou l’équilibre précaire de l’eau dans des mains tremblantes. Une file ordonnée se forme, chaque enfant attendant son tour pour remplir son gobelet et boire à son rythme. L’eau reste propre et n’est plus gaspillée.

« Boire de l’eau est devenu facile et on ne se mouille plus comme avant », dit Marie.

Les enseignants ont rapidement constaté une différence. Les élèves restent mieux hydratés tout au long de la journée, et ne doivent plus attendre d’être rentrés chez eux pour boire. En conséquence, beaucoup sont plus attentifs en classe l’après-midi, moins distraits par la soif.

Le simple fait de donner un gobelet à chaque élève a encore amélioré l’hygiène et la santé à l’EP Amani.

 « Je n’ai plus peur d’attraper des microbes en buvant de l’eau », déclare Augustin, 11 ans, 

un autre élève de sixième, soulagé de ne plus avoir à toucher le robinet avec sa bouche ou ses mains.

Les trois autres écoles bénéficiaires ont observé les mêmes améliorations. Bien qu’elles aient eu accès à l’eau par des forages communautaires ou des raccordements externes, les élèves buvaient auparavant, comme ils pouvaient, souvent de la même manière qu’à l’EP Amani. Avec l’introduction des gobelets individuels, ils peuvent désormais profiter pleinement de l’eau potable disponible.

Les directeurs d’école rapportent que l’enseignement des bonnes pratiques d’hygiène est devenu plus facile. Il est plus simple d’encourager le lavage des mains et les habitudes de consommation saine lorsque chaque élève dispose d’un gobelet propre et personnel.

Ce qui pouvait sembler anodin, un gobelet en plastique, s’est révélé être l’élément manquant pour améliorer le bien-être scolaire.

En seulement quelques années, ces quatre écoles de la province du Lualaba ont connu une transformation. D’abord l’accès à l’eau. Puis les outils pour en faire bon usage.

Aujourd’hui, boire à l’école n’est plus une source de stress ou de maladie, c’est une routine simple, sûre et naturelle du quotidien.

Les enfants de Mutshatsha tiennent à leurs gobelets, conscients que ce petit objet a fait une grande différence. Dans la cour ensoleillée de l’École Primaire Amani, le robinet continue de couler. Mais désormais, l’eau finit dans des mains sûres, dans des gobelets propres, et dans des gorges désaltérées, plus sur le sol poussiéreux.

Cette distribution de gobelets s’inscrit dans le cadre du programme « Gifts-In-Kind » (GIK) de World Vision, visant à promouvoir l’accès sécurisé à l’eau potable et de meilleures pratiques d’hygiène dans les écoles.