RD Congo : Des Milliers de Personnes Exposés au Choléra en Raison d’une Gave Pénurie d’Eau à Nyiragongo

File des personnes attendant de puiser de l'eau
Rodrigue Harakandi
Jeudi 7 août 2025 - 17:31

Le territoire de Nyiragongo, situé au nord de Goma en République démocratique du Congo, fait face à une grave crise humanitaire. Jadis zone de transit pour les personnes déplacées fuyant les conflits à Rutshuru et Masisi, la région souffre aujourd’hui d’une sévère pénurie d’eau, exposant des milliers de personnes, dont de nombreux déplacés internes à de graves risques sanitaires, notamment le choléra.

Une situation humanitaire désastreuse

Depuis la prise de Goma par le M23, de nombreux déplacés ont préféré s’installer auprès de familles d’accueil à Nyiragongo plutôt que de retourner dans leurs villages d’origine. Mais l’accès à l’eau potable s’amenuise dangereusement, avec seulement quelques points d’eau encore fonctionnels, ouverts une à deux fois par semaine.

Florence, déplacée interne et ancienne bénéficiaire du programme I-Life de World Vision à Bushagara, raconte son calvaire :

« Je suis venue chercher de l’eau à 5h du matin, et ce n’est qu’à 11h que j’ai enfin été servie. La file est trop longue parce que trop de gens dépendent de ce point d’eau ; certains viennent même de Kilimanyoka, à 8 km d’ici. »

Des risques croissants pour la santé et la sécurité

Le manque d’eau potable n’est pas seulement un problème de santé publique, il met également en danger les enfants et les nourrissons. Florence, qui a attendu pendant des heures sous un soleil accablant avec son bébé, témoigne :

« Mon bébé n’a pas arrêté de pleurer. J’ai passé toutes ces heures dans la chaleur avec lui, il est épuisé et affamé. »

La situation est d’autant plus critique que la majorité des personnes dans la file sont des enfants, exposés aux accidents, notamment à proximité du principal point d’eau situé le long de la Route nationale n°2.

Un accès à l’eau incertain et coûteux

L’eau est non seulement rare, mais elle est aussi payante :

« Il faut payer 100 francs congolais (environ 0,035 $) pour un bidon de 20 litres. Si tu n’as pas d’argent, tu ne peux même pas venir ici », explique Florence.

Certains parcourent plusieurs kilomètres sans garantie de trouver de l’eau :

« Beaucoup repartent les mains vides ; les files sont trop longues », ajoute-t-elle.

Un appel urgent à l’action

Une intervention immédiate est cruciale pour :

  • Restaurer l’accès à l’eau en urgence grâce à des solutions temporaires (camions-citernes, forages)
  • Prévenir les épidémies par la distribution de kits d’hygiène et le renforcement de la surveillance sanitaire
  • Protéger les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants

Comme le prévient Florence :

« Pas d’eau aujourd’hui, c’est la maladie demain. »

Les acteurs internationaux et les autorités locales doivent agir sans délai pour éviter que la crise ne dégénère davantage.