Rosalie, une vie améliorée grâce au Moringa

Rosalie, a better life with moringa
Lundi 2 mars 2020 - 14:28

Rosalie est l’une des quatre participantes de la formation sur les techniques de culture du moringa organisée en 2014, et financée par World Vision Allemagne. Originaire de Ba lli dans le Mayo – Kebbi Est, cette mère de 9 enfants a décidé de mettre son savoir – faire acquis au service de sa famille et de sa communauté. 

 

Nous sommes à Ba lli, à 193 km au Sud – Est de N’djamena. Assises sous un neem en ce début d’après - midi, une vingtaine de femmes – toutes joyeuses et chantonnant - s’attèlent à décortiquer des grains de moringa ; alors première étape de production de l’huile de l’arbre dit de vie, du fait de ses nombreuses vertus. Au milieu d’entre elles, une femme se démarque par sa dextérité à dépouiller de leur enveloppe, les graines de moringa : Il s’agit de Rosalie.  

Seule participante de son village à la formation sur le moringa dispensée par World Vision Tchad en 2014, Rosalie fait partie des quatre femmes du Programme de Développement (AP) de Ba lli dans la Région du Mayo – Kebbi Est, bénéficiaires de cette initiative financée par World Vision Allemagne. Issue d’une communauté dans laquelle les femmes sont les principales dépositaires des travaux champêtres mais surtout les plus touchées par la pauvreté, Rosalie au retour de sa formation, part de ce constat afin de convaincre les autres femmes dans l’optique de faire du projet de transformation des grains de moringa, une véritable source du développement et de l’amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants de la communauté.

« Participer à cette formation m’a beaucoup aidé. Aujourd’hui, je suis un modèle pour les autres femmes de la communauté et j’arrive à subvenir aux besoins de mes enfants. Avec les revenus issus de la culture du moringa, je paie les soins de santé de mes enfants et leur scolarité.  Au tout début, j’étais la seule à cultiver le moringa. Un an plus tard, au vu de mon expérience, je me suis dit pourquoi ne pas partager ma connaissance  avec les autres femmes de mon village ;  puisse que moi-même, je l’ai  acquise auprès des autres. Cela leur permettra de subvenir aux besoins de leurs enfants, comme c’est le cas pour moi : Et j’ai donc décidé de leur apprendre à semer les grains de moringa. J’organisais  des séances de formation aux femmes sur les bienfaits du moringa ; Je les invitais à observer mes enfants, à voir comment est – ce qu’ils sont en bonne santé. Et je leur confessais que ma famille et moi, nous ne connaissions plus la faim encore moins la malnutrition ! » affirme Rosalie, alors qu’elle s’affaire à écraser munie d’une pierre, les graines de moringa.  

 

Roaslie et ses enfants

 

Le moringa, plante de développement communautaire

Rosalie ne s’est pas juste pas contentée d’apprendre aux femmes la technique de culture du moringa. Travailler seule pendant une année, lui a permis de comprendre que pour faire de  ce projet une véritable source de développement, il faut se mettre en groupe, unir les forces et les matériaux, afin d’obtenir un résultat bénéfique pour l’ensemble de la communauté.  Alors, elle décide de créer un groupement.  « J’ai constaté que le travail individuel ne nous assurait pas une production importante, » avoue Rosalie. Le groupement est dénommé Faina (qui signifie Pour nous en langue Massa).

Au début de l’aventure Faina, le groupement est composé uniquement de femmes. Mais au fil du temps, belle est la surprise de Rosalie, de constater une adhésion massive des hommes au groupement : la société Massa étant patriarcale, les femmes n’ont pas droit à la prise de décision en  présence des hommes.

Et grâce aux efforts de Rosalie, le moringa qui était méconnu de la communauté, est aujourd’hui cultivé et consommé dans plus de vingt  villages du Programme de Développement de World Vision Tchad. Dans ces villages, la culture du moringa est devenue l’affaire  de tous : les hommes, les femmes et même les enfants ; et dans chaque verger de maison, on trouve une ou deux plantes. Aujourd’hui, on trouve des champs de moringa dans la communauté  malgré que le sol de la région ne soit pas compatible pour la culture de moringa. « Dieu merci que la plante du moringa grandi vite ! Une fois que la graine est semée, on peut cueillir les feuilles après trois mois » nous enseigne Rosalie, avec un sourire aux lèvres.

Les bénéfices du moringa 

Avec la vente des produits à base de la plante dite miraculeuse, (du fait de son apport énergétique en vitamines, en minéraux ou encore de sa capacité à soigner plusieurs maladies) sous forme de poudre, de feuilles fraîches et d’huile, le groupement  de Rosalie a pu contribuer à hauteur de 150. 000 F CFA (environ 252$ US), dans le projet de construction d’un forage d’eau devant servir à l’arrosage du champ durant la saison sèche, mais aussi à l’ensemble de la communauté. Les revenus obtenus, constituent pour les membres de Fana, un fonds d’épargne devant servir à la scolarisation de leurs enfants et aussi à la mise sur pied de petits commerces, permettant ainsi aux femmes de la communauté, d’accéder à une autonomie financière. 

Rosalie et les membres du groupement

La prochaine étape de l’ambition de Rosalie, est de voir les membres et le groupement  acquérir de plus larges parcelles de terrain, afin d’obtenir une plus grande quantité de l’huile de l’arbre de vie.  La dernière recette de la vente de deux litres d’huile par l’association, a rapporté la somme de 120 000 francs CFA (200$ US). « Rien n’est facile dans la vie. Mais avec la volonté et l’aide de Dieu, on va loin ! Les problèmes que nous rencontrons sont, la faible production et le déficit au niveau des techniques adéquates d’extraction de l’huile.  Ce n’est qu’en saison pluvieuse que les plantes poussent bien ; et si nous arrivons à produire en grande quantité, d’ici deux ans notre situation sera encore  meilleure.  Ma communauté et moi,  sommes vraiment reconnaissant à Dieu, aux donateurs et  à World Vision qui grâce à leur générosité, nous avons la joie de vivre  notre vie sur terre. »  Témoigne Rosalie avec un regard luisant, alors synonyme d’espoir.