RD Congo : De la Foi à l’Action : le Parcours de Transformation de Swana Makanda à Fungurume

Par Tatiana Ballay, Chargée des Communications

Dans la ville minière de Fungurume, nichée dans la province cobaltifère de Lualaba, au sud-est de la RDC, Swana Makanda Kelly, 55 ans, se distingue comme un pilier d’espoir et de résilience dans sa communauté de Dipeta. Malgré la richesse en ressources naturelles de la région, la vie quotidienne y est marquée par la rareté, une électricité instable, des sources d’eau défaillantes et une insécurité grandissante. Pourtant, Dipeta vit aussi grâce à l’entraide et à la coexistence pacifique.

« Ici, même si tu viens de loin, tu trouves ta place. Les gens s’entendent ; on vit ensemble malgré nos différences »,déclare Swana Makanda Kelly.

Swana, père de huit enfants et tuteur de quatre personnes à sa charge, vit avec son épouse, Madame Mado. Homme intègre et profondément compatissant, il a toujours été animé par le désir de servir les autres, en particulier les plus vulnérables. Bien qu’ayant étudié le droit, des contraintes financières ont interrompu son parcours académique. Déterminé, il s’est consacré au travail bénévole en tant que parajuriste au sein de l’ONG locale IGDFT. 

« Servir les autres sans rien attendre en retour est devenu la mission de ma vie. Défendre les gens me donne la force d’avancer », ajoute Swana Makanda Kelly.

Une rencontre transformative

En 2020, Swana a participé à la formation Empowered World View (EWV) de World Vision, un tournant qui a remodelé son état d’esprit et son avenir. Cette formation mettait l’accent sur la foi, la responsabilité personnelle et la débrouillardise. 

Selon Swana Makanda Kelly: « La formation EWV m’a ouvert les yeux. J’ai compris que Dieu m’avait déjà tout donné : la force, la sagesse, et la capacité d’agir. »

Inspiré, Swana a lancé une initiative agricole sur un hectare de terre. Au cours des quatre années suivantes, il a étendu sa culture à deux hectares, appliquant les stratégies d’organisation et d’épargne apprises dans le programme. Avec les revenus agricoles, il a commencé à investir dans son rêve de longue date : ouvrir un salon de coiffure.

Construire la résilience du foyer

Avant la formation, le travail bénévole de Swana ne suffisait pas à couvrir les besoins financiers de sa famille. Après la formation, il a adopté des sources de revenus diversifiées et une planification à long terme. L’agriculture est devenue une entreprise structurée, et une culture de l’épargne s’est installée à la maison. Son épouse, qui gérait auparavant une petite activité, l’a rejoint dans cette transformation. Encouragée par Swana, elle s’est lancée dans le commerce de l’huile de palme. 

« Nous avons commencé avec 30 bidons. C’était risqué, mais nous y croyions. Aujourd’hui, elle en vend jusqu’à 100 », explique Swana Makanda Kelly.

Leur vision commune et la prise de risque calculée ont porté leurs fruits. En trois ans, l’activité de Madame Mado a triplé en volume, apportant stabilité financière et renforçant la force de l’effort familial conjoint.

Inspirer les autres par l’action

Le parcours de Swana ne s’est pas limité à sa croissance personnelle. Convaincu que le changement doit être partagé, il est devenu mentor et motivateur à Dipeta. À travers des discussions informelles, des ateliers spontanés et des visites sur le terrain, il a inspiré plus de 50 foyers à adopter de nouvelles pratiques. 

« Je leur dis : ‘Ne doutez jamais de vous-mêmes. Dieu vous a donné le pouvoir de créer, d’aimer, de construire. Si vous participez à cette formation, vous entrez KO et vous en ressortez debout’, » affirme Swana Makanda Kelly.

Certains de ses mentorés ont considérablement agrandi leurs fermes ; d’autres ont acheté leurs premiers outils et amélioré leurs récoltes. Une culture de confiance, d’initiative et de solidarité se répand, grâce notamment à l’encouragement constant de Swana.

La foi en action

Pour Swana, la foi est plus qu’une croyance, c’est une action. En octobre 2024, il a trouvé une personne blessée abandonnée au bord de la route. Il l’a transportée au centre de santé, payé les premiers frais et plaidé pour sa prise en charge. Touchée par sa bonté, l’établissement a pris en charge le reste du traitement. 

« La foi ne se limite pas à la prière. C’est agir, aider, aimer. Dieu nous a faits à Son image pour que nous soyons bâtisseurs », rappelle Swana Makanda Kelly.

Ce moment a capturé son héroïsme discret, faire la différence non pour la reconnaissance, mais par conviction.

Maintenir l’impact

Entre 2020 et 2024, le foyer de Swana a connu une transformation notable. Sa surface agricole a doublé, et la diversification des revenus lui a permis de construire un moyen de subsistance durable. L’agriculture saisonnière et la vente de semences couvrent désormais près de 60 % des dépenses du ménage. Il épargne régulièrement environ 50 000 FC (20 USD) par mois et continue d’investir dans le salon de coiffure et ses projets futurs. Avec son épouse, ils achètent de l’huile de palme rouge au Kasaï et la revendent à Fungurume. Cette activité génère aujourd’hui un bénéfice brut mensuel allant jusqu’à 600 USD. Leurs enfants ont aussi adopté ces valeurs, montrant plus de responsabilité dans l’épargne et la planification. Swana travaille actuellement à l’ouverture d’un centre de conseil juridique pour offrir un soutien accessible aux habitants, étendant ainsi encore son service à la communauté.

Un catalyseur de changement

Swana n’a pas commencé avec de grandes ambitions ; il a simplement suivi son sens de la justice et du service. Pourtant, grâce à sa constance, sa vision et son partage avec la communauté, il est devenu un acteur clé du développement local. L’approche EWV a fourni la structure, mais c’est la détermination de Swana qui l’a portée. 

« Mon plus grand rêve est de voir ma communauté s’élever. Je veux continuer à soutenir, conseiller et construire un avenir meilleur avec eux », rêve Swana Makanda Kelly.

Son histoire démontre l’effet boule de neige de la foi, de la planification et de l’autonomisation. D’une formation à une vie transformée, d’un foyer à cinquante, le parcours de Swana prouve que le changement durable commence par un individu habilité.