RD Congo : Myriam Nongo Transforme des Vies Grâce à sa Vision Renouvelée du Changement

Myriam Nongo chez elle
Jeudi 19 juin 2025 - 13:29

Par Tatiana Ballay, Communications Officer

Dans la commune semi-urbaine de Fungurume, dans la province du Lualaba au sud de la RDC, vit Myriam Nongo, une femme de 54 ans dont la vie incarne la résilience, le sens de la mission et une dévotion inébranlable envers les personnes en situation de handicap. Depuis 2009, elle habite Kabila 2 un quartier reculé privé d’eau, d’électricité et de services de base. Et pourtant, dans cet environnement difficile, Myriam se distingue par sa compassion et son esprit d’initiative.

Mariée à Étienne depuis 1995, avec qui elle a eu quatre enfants, Myriam prend aussi soin de sept orphelins. En 2016, elle fonde et commence à coordonner l’Association de personnes handicapées de Fungurume, qui compte aujourd’hui plus de cinquante membres.


« Je croyais que j’étais incapable à cause de mon handicap. Aujourd’hui, je me tiens debout et j’avance », confie Myriam Nongo.

Sa maison a longtemps servi de refuge, ayant accueilli près de 18 enfants orphelins au fil des ans. Dans son quartier, la solidarité est discrète mais bien réelle.
« La vie ici n’est pas facile, mais il y a une certaine paix. Tout le monde vit humblement et respecte son voisin », ajoute-t-elle.

En 2023, Myriam participe à une formation de World Vision basée sur l’approche « Empowered World View » (EWV). Ce programme, axé sur la transformation de l’état d’esprit, la confiance en soi et l’autonomisation économique, marque un tournant dans sa vie. Elle commence à se voir autrement non plus comme une victime, mais comme une femme dotée de tout ce qu’il faut pour réussir. 

« Cette formation a déclenché une révolte positive en moi. J’ai compris que Dieu m’avait déjà tout donné : l’intelligence, la force, les idées. Il ne me manquait que la foi en moi ».

Animée par ce nouvel élan, elle lance une petite activité de vente de beignets avec seulement 80 000 FC (32 USD). À l’aide d’ingrédients simples, elle prépare et vend jusqu’à 300 beignets par jour à 200 FC l’unité (0,08 USD), générant environ 60 000 FC (24 USD) par jour. Après les dépenses, elle parvient à épargner près de 10 000 FC (4 USD) quotidiennement, stockant son argent dans une bouteille en plastique et incitant ses enfants à adopter les mêmes habitudes.
« J’ai commencé petit, mais avec de la discipline et la foi, je sais que je peux aller loin. »

Pour diversifier ses revenus, elle achète récemment dix poussins. Bien qu’elle apprenne l’élevage sur le tas, elle y voit un investissement d’avenir. Les dépenses mensuelles restent lourdes, mais elle est déterminée à construire quelque chose de durable.

Myriam ne garde pas ses progrès pour elle. Elle forme un groupe de solidarité de huit femmes handicapées qui cotisent chaque semaine entre 2 000 et 20 000 FC (0,80 à 8 USD). Ensemble, elles lancent de petites activités génératrices de revenus comme la vente de charbon, de maïs, ou encore la couture. 

« Nous sommes peut-être handicapées, mais nous refusons de dépendre des autres toute notre vie. Nous sommes capables d’agir », confie Myriam avec plus d’assurance.

L’une des membres, une femme atteinte d’albinisme, a commencé à vendre du maïs et du charbon, et parvient désormais à nourrir sa famille chaque jour. Une autre, après l’achat d’une machine à coudre, gagne sa vie tout en formant deux jeunes filles.

Ce qui était au départ un petit cercle d’entraide est devenu un moteur puissant de dignité et d’inclusion, notamment grâce à l’accompagnement de Myriam.

Mais ses rêves vont plus loin encore. Avec son groupe, elle espère acquérir un incubateur pour produire des poussins et un congélateur pour conserver leurs produits, afin d’amplifier leurs activités malgré les coupures d’électricité. Surtout, Myriam rêve de créer un centre pour enfants en situation de handicap un lieu sûr pour apprendre, s’épanouir et grandir avec dignité.


« Si nous construisons ce centre, ces enfants n’auront pas à vivre ce que nous avons vécu. Ils auront une vraie chance de bâtir une vie digne»

Elle tire aussi son inspiration d’un passage biblique découvert lors de la formation EWV : 2 Rois chapitre 4. Ce récit lui a rappelé que les solutions viennent souvent de l’intérieur et que la foi s’accompagne toujours d’actions.

 « La foi, c’est croire qu’on a déjà reçu. Alors j’agis. Je veux qu’un jour, les gens disent : “C’est Myriam qui a fait cela.” »

Aujourd’hui, malgré ses moyens limités, elle transforme sa modeste maison en un centre de productivité. Une pièce abrite les poussins ; une autre sert aux ateliers de fabrication de savon. Sa maison devient un espace de travail, d’échange et de cohésion.

Son parcours illustre pleinement l’essence de l’Empowered World View : aider chaque personne à retrouver sa dignité, croire en son potentiel donné par Dieu et se voir comme un acteur du changement.

Pour Myriam, ce changement a d’abord été personnel, puis familial, et maintenant communautaire. Sa détermination inspire d’autres personnes handicapées à sortir de la marginalisation.


« Ce que j’ai appris, je ne vais pas le garder pour moi. Si je l’ai fait, nous pouvons tous le faire. »

Son histoire prouve que l’autonomisation ne dépend pas de la richesse, mais commence par un changement de mentalité, la force du collectif, et la foi en un avenir meilleur. Grâce à une seule formation, une femme autrefois ignorée a découvert qu’elle pouvait guider, élever et transformer sa vie et celle de tant d’autres autour d’elle.