Du Soudan au Tchad : le parcours de Taysire vers la sécurité et l'espoir

Par Mila Kimbuini , West Africa Regional Digital & Content Manager & Thierry Prince Bassigue, Communication Officer, World Vision Chad
Taysire n'a pas perdu son sourire, mais elle n'a pas oublié ce que sa famille a enduré, ni comment elle a été forcée de quitter sa maison au Soudan à cause du conflit.
« Nous avions tout, mais maintenant nous n'avons plus rien. Nous avons fui à cause du conflit », explique la jeune fille de 11 ans en évoquant son pays d'origine.
S'habituer à sa nouvelle vie
Depuis que le conflit a éclaté au Soudan en avril 2023, les familles fuient en quête de sécurité. Selon le HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, près de 4 millions de personnes vivent aujourd'hui en tant que réfugiés dans les pays voisins et au-delà.
Taysire, sa mère et ses deux frères et sœurs font partie de ces familles qui ont été forcées de fuir à cause de la crise. Ils ont franchi la frontière le 3 juin 2023.
« Lorsque nous sommes arrivés ici, nous avons constaté que le Tchad était en paix et en sécurité. Cela a été ma première réaction en arrivant au Tchad », se souvient-elle.
À la frontière, les familles qui entrent au Tchad sont enregistrées. Selon les jours, des centaines ou des milliers de personnes traversent la frontière chaque jour.
« Lorsque nous sommes arrivés, des organisations nous ont offert de l'eau, de la nourriture et des vêtements, car nous avions tout perdu au Soudan. Puis ils nous ont conduits à Farchana », raconte Taysire.
La petite fille nous raconte combien il a été difficile de s'adapter à sa nouvelle réalité de réfugiée.
« Ils ont construit cette école. J'y vais pour apprendre avec mes frères et sœurs et les enfants que j'ai rencontrés là-bas. Les choses ont changé pour moi. Au Soudan, nous avions des salles de classe, mais ici les cours sont dispensés sous les arbres. Nous n'avons pas de fournitures scolaires adéquates. Au début, il était très difficile de s'habituer à l'environnement et de se faire des amis. Ma vie au Soudan était meilleure. Là-bas, j'avais des amis avec lesquels j'avais grandi. Nous allions à l'école et nous jouions ensemble », dit-elle tristement.
Les regrets et les inquiétudes de Taysire sont suscités par les changements qui se sont imposés à elle, mais aussi par la situation particulière de sa famille. Ils vivent sans leur père et leur mère ne travaille pas pour gagner de l'argent car elle va à l'école coranique.
Mais peu à peu, grâce aux efforts de diverses organisations et de World Vision Tchad, sa vie et celle de ses amis s'est améliorée. Ils étudient, ils sont nourris et ils ont accès à de l'eau potable tous les jours.
« A la récréation, nous ne rentrons pas chez nous. Nous mangeons un bon repas à l'école et nous buvons de l'eau. Avant l'installation des points d'eau, nous devions aller chercher de l'eau à la maison. Maintenant, nous n'avons plus besoin de rentrer à la maison pendant la pause », dit Taysire.
« Quand je grandirai, je voudrai devenir médecin », a déclaré Taysire avec audace. Elle a expliqué que lorsqu'ils sont entrés au Tchad à la frontière, ils ont vu beaucoup de personnes malades, dont certaines étaient mourantes.
« Je rêve que la paix revienne au Soudan », a-t-elle ajouté en souriant, mais ses yeux exprimaient toujours de la tristesse.