Atelier de présentation des résultats de recherche sur les acacias australiens

Jeudi 26 avril 2018 - 17:29

« Après plus de 30 ans de travail sur le terrain, cette journée a fini de nous convaincre de la nécessité de nous ouvrir aux institutions de recherche, et aux Universités pour renforcer ce que nous faisons déjà en y mettant le cachet scientifique pour d'éventuelles publications du bien fondé de nos interventions.» Cette recommandation a été faite par le Directeur des Opérations de World Vision Sénégal, Diégane Ndiaye au cours de l’atelier de restitution des résultats de la recherche sur les acacias australiens comestibles tenu le 20 avril 2018 dans la salle du Conseil de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Cet atelier a été présidé par le Professeur Amadou DIOUF, le Doyen de la dite Faculté en présence du Haut Commissaire Australien au Ghana, accrédité au Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Libéria, Mali, Sénégal, Sierra Leone, Togo, Andrew BARNES.

Pr. Amadou DIOUF (en blanc) en compagnie d'Andrew BARNES (gauche) et du Dr. Andrew CATFORD (droite)

Pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages dans la région de Kaffrine affectée par la baisse de la fertilité des sols suite à la monoculture de l’arachide et au déboisement des champs, WVS a initié depuis 2007 la promotion de la Régénération Naturelle Assistée (RNA). La RNA est une technique d’agroforesterie qui consiste à protéger et gérer les repousses naturelles que produisent les souches d’arbres et arbustes dans les champs. Cette pratique est utilisée pour restaurer les terres dégradées devenues peu productives suite à des pratiques agricoles non durables (essouchage, brulis, coupes abusives, etc.).

Mais après une décennie de mise en œuvre de la RNA, les entretiens participatifs avec les producteurs ont révélé que la priorité des producteurs est de disposer de plants d’espèces ayant une plus grande valeur économique et capables de leur procurer des revenus. Pour répondre à ce nouveau besoin, World Vision Sénégal se tourne vers la recherche pour vulgariser les résultats relatifs à la domestication[1] et à l’adaptation d’espèces fruitières.

C’est dans ce cadre que des espèces d’acacias australiens ont été ciblées pour leurs intérêts. Les acacias australiens, appartenant à la famille des légumineuses (Fabaceae), ont la capacité de se développer sur des sols carencés en éléments minéraux (N, P) en bénéficiant du fonctionnement d’associations symbiotiques contractées avec un cortège de micro-organismes (symbiose fixatrice d’azote atmosphérique, symbiose mycorhizienne arbusculaire)[2]. En outre la farine des graines d’acacia réputée riche en protéines  peut être incorporée aux régimes à base de mil/sorgho. Ainsi, les espèces d’acacias australiens ont un potentiel pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations dans les régions semi-arides sujettes à la sécheresse et à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Mais avant que l’acacia ne puisse être promu en tant que source de nourriture, il est nécessaire que la valeur nutritionnelle et le potentiel toxique des graines soient connues et comprises ceci du fait que, ces graines peuvent contenir de l’Acide Djenkolique, une acide aminée néphrotoxique retrouvée dans les graines à une teneur faible. La cuisson des graines réduit fortement les teneurs en Acide Djenkolique dans ces produits.

C’est ainsi qu’en partenariat avec le Laboratoire de Toxicologie et d’Hydrologie de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (LTH/UCAD) d’une part et l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA) d’autre part, World Vision Sénégal a initié une Etude de la toxicité de différentes espèces d’Acacia sur des rats de souche Wistar. L’objectif principal est de déterminer la pertinence de la semence d'espèces d'acacias australiens sélectionnés pour son utilisation dans l'alimentation humaine. De manière spécifique l’étude visait à : (i) Etudier le potentiel toxique à court et long terme chez des animaux de laboratoire (rats Wistar) ; (ii) Evaluer l'effet des graines transformées de façon optimale de Acacia saligna, A. torulosa, A. tumida et A.colei sur la santé générale et le poids corporel chez les rats.

Grâce au partenariat entre World Vision Sénégal, l’ITA et le LTH/UCAD l’étude a été conduite à terme et a permis de confirmer la bonne teneur en protéine des graines d’acacias australiens mais aussi l’innocuité des aliments à base de graines d’acacia sur les rats. Ces résultats qui complètent les études déjà menées[3] devraient contribuer au processus de certification de l’aptitude des graines d’acacia à la consommation humaine. Une publication scientifique par le LTH/UCAD est prévue à cet effet.

Laboratoire de Toxicologie et d'Hydrologie de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odontologie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar

 

[1] La domestication est la modification du patrimoine génétique de populations d'êtres vivants par les humains en vue de répondre à leurs besoins. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Domestication)

[2] Unasylva - No. 196. Vol. 50 1999/1 - FAO - Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Revue internationale des forêts et des industries forestières

[3] Food Chemistry 179 (2015) 109–115 - Non-protein amino acids in Australian acacia seed: Implications for food security and recommended processing methods to reduce djenkolic acid