Ensemble luttons contre l’excision !

Lundi 11 février 2019 - 12:37

L’excision est la forme la plus répandue de mutilations génitales féminines. Dans le langage courant le terme excision est utilisé pour désigner tous types de mutilations sexuelles sur les femmes. Aujourd’hui on estime à plus de 200 millions le nombre de jeunes filles et de femmes, toujours en vie, qui ont été victimes d’excision selon l’Organisation Mondiale de la Santé

L’excision est essentiellement concentrée dans 30 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie. On considère toute intervention qui altère ou lèse intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales comme une mutilation génitale féminine. Tous les 6 février, la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales, déclarée par l’Organisation des Nations Unies, rappelle l’importance de lutter contre cette violation des droits fondamentaux des filles et des femmes. 

Qu’est-ce que l’excision ? 

En 2012, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité la toute première résolution contre l’excision, appelant à intensifier les efforts mondiaux pour mettre fin à cette pratique. L’excision reflète l’inégalité profondément enracinée entre les sexes et constitue une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes et des filles. Cette pratique viole bon nombre de leurs droits fondamentaux : le droit à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, le droit d'être protégé contre la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu'elle a des conséquences mortelles. L’excision est la plupart du temps pratiquée sur des jeunes filles entre l’enfance et l’âge de 15 ans et constitue alors une véritable violation des droits de l’enfant. 

Les mutilations génitales féminines se classent en quatre catégories : 

  • La clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris et, plus rarement, seulement du prépuce.
  • L’excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres et parfois des grandes lèvres.
  • L’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal en suturant ou en passant un anneau à travers les petites lèvres de la vulve. Une désinfibulation est généralement pratiqué avant le mariage. Une femme peut subir plusieurs réinfibulations et désinfibulations au cours de sa vie.
  • Les autres interventions : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.

D’après les estimations, 90% des mutilations génitales féminines sont des clitoridectomies ou des excisions, et près de 10% des infibulations, la forme qui entraîne les conséquences les plus graves*. 

Les conséquences de l’excision

L’excision ne présente aucun avantage pour la santé, au contraire elle endommage les tissus des organes génitaux et entrave le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. De plus, les excisions sont très peu pratiquées par des professionnels de santé (seulement 18%*). Le plus souvent, les exciseurs traditionnels utilisent des lames de rasoirs et des ciseaux sans anesthésiques. L’excision provoque des douleurs et des saignements importants et le risque d’infection est élevé. Il en découle de nombreuses conséquences négatives qu’on peut classer selon leur immédiateté. 

Risques immédiats pour la santé : 

  • Douleurs intenses
  • Choc psychologique
  • Hémorragie (saignements excessifs)
  • Septicémie
  • Difficultés à uriner
  • Infections
  • Décès
  • Accolement non voulu des lèvres

Risques à plus long terme pour la santé : 

  • Nécessité d’une intervention chirurgicale
  • Problèmes urinaires et menstruels
  • Rapports sexuels douloureux et mauvaise qualité de la vie sexuelle
  • Stérilité
  • Douleurs chroniques
  • Infections locales (kystes, abcès et ulcères génitaux, infections pelviennes chroniques, infections urinaires, etc.) et infections de l’appareil reproducteur
  • Chéloïdes (excès de tissus cicatriciels provoquant de fortes démangeaisons, voire des douleurs vives)
  • Conséquences psychologiques (crainte des rapports sexuels, stress post-traumatique, angoisse, dépression, etc.)
  • Risque accru de cancer du col de l’utérus 

Risques obstétricaux : 

  • Accouchement par césarienne
  • Hémorragie du post-partum
  • Séjour hospitalier maternel prolongé
  • Réanimation du nouveau-né
  • Mortinaissance ou décès néonatal précoce

*Organisation Mondiale de la Santé, Comprendre et lutter contre la violence à l’égard des femmes, Les mutilations génitales féminines

L’excision : un problème mondial

Les excisions sont majoritairement répandues dans l’ouest, l’est et le nord-est de l’Afrique, dans certains pays d’Asie et au Moyen-Orient. Elles existent également au sein de quelques communautés d’immigrants en Amérique du Nord et en Europe. Les pays qui présentent le plus haut taux de prévalence de cette pratique parmi les filles et les femmes âgées de 15 à 49 ans sont la Somalie (98%), la Guinée (97%) et Djibouti (93%). 

Quelles sont les causes de l’excision ? 

Il existe une réelle pression sociale qui incite à se conformer aux attentes d’une communauté. L’excision est souvent considérée comme une condition nécessaire à la bonne éducation d’une jeune fille en vue de son passage à l’âge adulte et de son mariage. Selon les croyances, l’excision diminuerait le désir sexuel des femmes et préserverait donc la virginité prénuptiale et empêcherait la promiscuité. De plus, certaines personnes associent l’excision à une idée de propreté hygiénique, esthétique et morale. Cette pratique est également encouragée par des convictions religieuses. Au sein de nombreuses communautésl’excision constitue une tradition culturelle importante qui ne doit pas être remise en cause ni abandonnée, et surtout pas par des personnes extérieures. L’excision est le résultat de conventions sociales fortes, encouragée par des normes sociales essentielles ; toute personne qui s’écarte de la norme peut se trouver confrontée au harcèlement, à l’exclusion d’événements communautaires et de réseaux de soutien, et à la discrimination exercée par son entourage. À moins d’un commun accord conclu entre un grand nombre de personnes pour faire cesser la pratique, il est probable que les individus et les familles considèrent les risques sociaux plus préjudiciables que les risques que font courir l’excision aux jeunes filles sur leur santé physique et mentale.

L’approche dialogue communautaire de World Vision Sénégal

World Vision a tissé des liens étroits avec les communautés pour les sensibiliser et promouvoir un dialogue continu entre les différentes couches sur les conséquences néfastes de cette pratique culturelle. Un travail de fond est réalisé  avec des partenaires clé et leaders d’opinions : des Comités d’Alerte, de Veille et d’Ecoute ont été créés, des réseaux d’Imams sont mobilisés, des infirmières chef de poste se sont engagées, et les enfants eux-mêmes sont régulièrement impliqués pour développer leurs connaissances, favoriser leur participation et leur protection.  De ce fait World Vision Sénégal et l’artiste Sister Fa mènent depuis 2013 une série d’actions pour la promotion des droits et de la participation de l’enfant, dans le cadre du projet  ‘l’Art au service de la protection de l’enfant’. Dans ce cadre, Sister Fa dit ceci «ma mère m'a excisé pour me prouver qu'elle m'aime, je me bats aujourd'hui pour juste prouver au monde entier qu'elle s'est juste trompé comme des milliers de mères.».

L’approche consiste  non pas à remettre en cause une pratique culturelle quelconque, mais à amener les communautés à prendre conscience des conséquences négatives que certaines pratiques néfastes comme l’excision entrainent.

Avec l’approche dialogue communautaire expérimentée à Vélingara, World Vision a montré que le changement est possible si l’on crée un climat favorable à l’écoute et à la valorisation d’autres pratiques culturelles.