Un bonheur de travailler pour les enfants

Lundi 13 août 2018 - 14:49

« L’idée de me mettre au service du bien-être des enfants me fascinait beaucoup, mais je ne savais vraiment pas ce qui m’attendait. Le travail était difficile au début, mais grâce aux différentes formations que j’ai pu bénéficier de World Vision, j’ai très vite aimé ce que je faisais et mes performances s’amélioraient de jour en jours. Cela m’avait valu une grande confiance de la part des agents de World Vision qui étaient satisfaits de mes prestations » témoigne Tamba, un jeune fortement intéressé au bien-être des enfants de son village.

Tamba GNABALY est un facilitateur de développement communautaire (FDC) dans la commune de Linkéring, plus précisément dans le village de Tonguia. Il s’occupe de la supervision des enfants parrainés inscrits dans le programme de World Vision Sénégal.

Jusqu’en 2000, Tamba vivait à Dakar avec sa petite famille et était employé à l’hôtel « Terrou-bi », un des plus prestigieux du Sénégal. Avec ses revenus, il parvenait à offrir une vie relativement équilibrée à sa famille et n’avait ainsi rien n’à envier à personne. Son travail était une source de motivation et une bonne raison de rester loin de son village, malgré l’isolement : « Je n’étais pas riche, mais, je parvenais à mettre ma famille, c’est-à-dire mon fils et ma femme à l’abri du besoin. Mon père et ma mère au Village, ne tarissaient pas d’éloges à mon égard, car je leur envoyais régulièrement de l’argent pour subvenir à leurs différents besoins. Cela m’encourageait à rester à Dakar pour continuer à aider mes parents ».

Tamba était loin de son village, mais il n’était pour autant totalement déconnecté des réalités de son terroir. Aussi, Il avait conscience que les membres de sa communauté vivaient une situation différente de la sienne. L’idée de vouloir du bien à sa communauté d’origine était bien présente en lui, mais faute de moyens, il ne pouvait que s’en remettre à Dieu. Cela a duré 10 ans, jusqu’au jour où, il reçut une délégation de quatre personnes venant lui apporter un message important de son Chef de village. Après avoir écouté le message, il le reçut comme un cri de détresse émanant de sa communauté. Cependant, face au caractère urgent de ce message et au sacrifice qu’il devait consentir pour y répondre favorablement, il était entré dans une perplexité extrême : « Je ne savais pas quoi décider, ni faire. Je savais au fond de moi, que j’avais non seulement le devoir d’honorer mon chef de village qui m’avait fait confiance, mais aussi celui  de me montrer utile à l’égard de ma communauté. Mais, chaque fois qu’il fallait prendre une décision, je pensais à tout ce que je devais perdre derrière moi. Ce fut un moment d’une grande angoisse ».

Mais après quelques jours de lutte intérieure, Tamba pris enfin la décision de tout laisser derrière lui pour voler au secours de sa communauté. Sa femme, en vraie partenaire de vie, lui avait fait totalement confiance. C’est ainsi qu’ils prirent la route d’exode inverse vers leur terre natale.

Arrivé à Tonguia, son village natal, Tamba se rendit tout de suite compte de l’état de pauvreté dans laquelle sa communauté vivaient, surtout, l’ultime nécessité pour lui de faire quelque chose : « Dès les premiers moments de mon arrivée à Tonguia, j’ai tout de suite remarqué, qu’il n’y avait pas d’eau potable, pas de dispensaire ni d’école. Les travaux des femmes étaient pénibles, les enfants étaient très touchés par le paludisme, la malnutrition et la diarrhée. Le tableau de vie de ma communauté était manifestement très sombre ». Dans cette atmosphère, Tamba,  accepta entièrement l’offre que lui faisait son chef de village. Celle-ci consistait à travailler comme facilitateur de développement communautaire dans le projet de parrainage d’enfants de World Vision. Depuis sa prise de fonction en tant que facilitateur de développement communautaire, jusqu’aujourd’hui, Tamba, ne cesse de remercier World Vision, pour toutes les transformations qu’elle a apportées au sein de sa communauté grâce au programme de parrainage. Mais dans tout cela, sa vraie satisfaction réside dans ses différents contacts avec les enfants, au cours desquels, il prend plaisir à travailler sur leurs mentalités : "ce que j’aime le plus dans mon travail, c’est lorsque je vais rendre visite à un enfant parrainé dans le cadre du Child Management Standard (CMS). Cela me permet de dire aux enfants ce que leurs parents sont incapables de leur dire, du fait du poids des coutumes. J’utilise ces moments pour conscientiser les enfants à propos de l’importance d’aller à l’école, sur les méfaits des mariages précoces, du manque d’hygiène et même des mutilations génitales féminines. Oui, au début c’était difficile d’en parler, mais j’ai pu cultiver mes connaissances grâce aux différentes formations reçues de World Vision. Quand j’en parle, maintenant, je le fait avec les arguments convaincants et les enfants m’écoutent attentivement. Pas seulement cela, mais, ils vont jusqu’à repousser les propositions de leurs parents obligeant les filles à se marier précocement."

Au vu des changements intervenus dans son village grâce à World Vision, Tamba, n’éprouve aucun regret d’être revenu parmi les siens. Car sans cela, il se sentirait sans doute très mal alaise de voir sa communauté continuer de subir les méfaits de la pauvreté. Mais, aujourd’hui, il se sent très fier d’avoir été l’un des acteurs de ces changements : "Je ne regrette pas d’être revenu dans mon village, car, je peux me permettre d’affirmer que c’est aussi grâce à moi que certains changements sont visibles dans mon village, notamment auprès des enfants. Tout récemment, les enfants membres du Kids Club de Tonguia, m’ont fortement impressionné par leurs actions. Grâce à leur démarche, ils ont pu dissuader une famille de donner leur fille en mariage. Cette fille est actuellement très heureuse de pouvoir poursuivre ses études. Personnellement, je considère cette action menée par les enfants comme le fruit de nos efforts récompensés. Je me souviens aussi que la plus grande majorité d’enfants de mon village n’avaient pas d’actes de naissance, parce que les déclarations de naissances étaient quasiment absentes. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas un seul enfant ici à Tonguia qui n’ait son acte d’état civil. Toutes les familles ont finalement acquis le réflexe de déclarer les naissances de leurs enfants. Je suis vraiment très reconnaissant envers  World Vision qui nous a aidés à sensibiliser nos parents sur ce phénomène.»

Par ailleurs, bien qu’on puisse facilement remarquer la joie qui habite Tamba de voir World Vision œuvrer dans sa communauté, il est surtout fasciné par son approche. Pour lui, très peu d’organisations mettent le focus sur les enfants les plus vulnérables. Il ne cesse de relever le fait que World Vision prend tout le temps nécessaire pour identifier et s’occuper des enfants les plus vulnérables. «World Vision cherche continuellement à travailler avec les enfants les plus vulnérables. Cela n’avait pas de sens pour moi au début. Car de mon point de vue, tout le monde dans mon village était vulnérable. Mais avec le temps, j’ai fini par me rendre compte que la vulnérabilité à plusieurs facettes. C’est dans cette perspective que les enfants comme Boubacar CAMARA ont été enrôlés dans le programme de parrainage et bénéficié des soins médicaux qui ont fini par transformer totalement leur vie. Les cas de ce genre sont généralement considérés comme inespérés dans ma communauté. Mais grâce à l’approche de World Vision, notre façon de voir les choses a totalement changé. Tous les enfants les plus vulnérables de mon village ont été identifiés et enregistrés dans le programme de parrainage. Nombreux sont ceux qui ont été pris en charge et leur vie a pris de nouvelle tournure. Oui, je pense que mettre l’accent sur les plus vulnérables est très important pour induire des changements profonds au sein des communauté ».

Face à tous ces changements auxquels il ne s’attendait pas, mais qui sont devenus une réalité, Tamba, ne peut s’empêcher de se projeter dans l’avenir. Il rêve d’un Tonguia où ses concitoyens partis vers d’autres cieux sont revenus et se mettent ensemble pour réaliser les grands projets agricoles afin de développer les infrastructures socio-économiques de base, donner de l’emploi aux jeunes et mettre totalement la communauté à l’abris du besoin.

Il croit fermement au développement de son village. Pour lui, il y a suffisamment de choses à faire dans les villages. «Je lance un appel à tous les jeunes, aussi bien de son village que d’ailleurs, d’abandonner les idées de l’immigration clandestine. Car nos villages regorgent assez de potentialités à valoriser pour mener une vie descente.

Je tiens vraiment à remercier les équipes de World Vision avec lequel nous avons cheminé ensemble. J’ai beaucoup de choses changées grâce à leurs interventions. Je pense personnellement que si World Vision, n’avait pas été là avec son approche, nous n’aurions pas eu ces avancées. Je ne prétends pas qu’il n’y a plus de problèmes dans notre village, loin de là. Mais, il y a un grand espoir avec les générations à venir, car World Vision à vraiment jeter les germes de développement parmi nous. Merci à Dieu et à World Vision ».

Par Crepin Louhoungou, Manager du Programme du Cluster de Vélingara