Partout où je regarde, je vois la peur, la douleur et la souffrance

Jean Baptiste, un agent de World Vision sur terrain à Kalehe
Mercredi 10 mai 2023 - 09:18

Par Jean Baptiste HAMULI, Senior Communication Officer SBCC&MEDIA  

Je viens d'arriver à Bushushu et Nyamukubi où de fortes pluies torrentielles ont provoqué des glissements de terrain et la crue des rivières qui ont inondé et emporté des villages, semant la mort et causant des destructions sans précédent là où elles sont passées les 4 et 5 Mai.  Plus de 400 morts, plus de 5 000 disparus et 107 700 personnes déplacées.

Un véhicule de World Vision m'amène à un endroit au-delà duquel je ne peux continuer qu'à pied. Je suis pressé et je veux aider jusqu'à ce que j'atteigne le village de Bushushu. Personne ne m'avait préparé à cette dévastation. C'est incompréhensible !  Deux villages anéantis !  

Je vois un groupe de personnes qui examinent des corps sans vie. Ils sont à la recherche des membres de leur famille qu'ils ont perdus. Je vois soudain le corps d'une femme coincée sous les murs de sa maison. Je ne sais pas comment entamer la conversation avec ces personnes perdues dans leurs recherches. Comment faire ? World Vision met en œuvre des programmes dans la plupart des communautés touchées, et je connais personnellement certaines de ces personnes.  J'ai choisi de me rendre dans le village voisin de Nyamukubi

Un trajet qui me prendrait normalement 30 minutes, me prend une heure et 30 minutes. La route nationale est presque inexistante et la situation n'est pas meilleure. Je rencontre des gens qui pensent qu'ils n'ont plus de raison de vivre.

 Ce jour-là, c'était un jour de marché à Nyamukubi, tant de gens étaient venus vendre ou acheter des marchandises. Certains d'entre eux n'ont jamais eu l'occasion de rentrer chez eux ! Personne ne peut indiquer où se trouvaient autrefois le marché, les écoles, les églises et les centres de santé.

Tout le monde semble confus, presque hébété. Kanyunyu, Kabushungu, Bushushu, Nyamukubi, Luano, Chabondo, Rambira sont devenus des terrains vagues en moins de 48 heures !

Célestin CIZA, a perdu ses 4 enfants. Il est bouleversé et me dit qu'il n'oubliera jamais cette catastrophe ! "Seul Dieu sait pourquoi cela m'est arrivé et je ne sais pas comment pleurer mes 4 enfants. Beaucoup d'autres familles ont perdu des enfants et des parents", explique Célestin, les larmes aux yeux.

La population survivante a besoin d'une aide urgente ! Ils ont besoin de nourriture, d'eau, des médicaments et d'autres produits de première nécessité ! Mais plus encore, ils ont besoin d'un soutien psychosocial. Je suis soulagé de savoir que World Vision et le Programme alimentaire mondial (PAM) distribueront de la nourriture d'urgence.

À la fin de la journée, mon cœur saigne ! Mon cœur est fatigué ! Je ne veux plus en voir. Mes jambes sont faibles et pourtant je dois retourner au bureau ! Tout cela est douloureux !