RD Congo – Luwowoshi : Les Enfants Élèvent la Voix pour l’Éducation et Contre les Abus en cette Journée de l’Enfant Africain 2025

Par Tatiana Ballay, Communications Officer
Le 24 juin 2025, l’école Les Délices du Savoir à Luwowoshi a accueilli une célébration marquante de la Journée Internationale de l’Enfant Africain. Organisé par World Vision en collaboration avec la Sous-division de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté de Lubumbashi 4, l’événement a réuni plus de 900 participants de différentes catégories, dont 565 élèves du primaire (311 filles). En RDC, cet hommage prend une résonance particulière : travail des enfants, violences, exploitation et déscolarisation restent des réalités préoccupantes.
Sous le thème « Planification et budgétisation des droits de l’enfant : progrès depuis 2010 », la célébration de cette année a mis en lumière la nécessité d’un engagement collectif pour garantir les droits des enfants.
Dans une ambiance solennelle, les enfants ont présenté des poèmes, des scénettes et des messages poignants dénonçant les abus qu’ils subissent. Un moment fort fut la remise d’un message de plaidoyer par leurs représentants, appelant à des actions concrètes de protection.
« Nous sommes encore des enfants. Nous avons besoin d’une enfance faite d’éducation, de repos et de jeux », a déclaré Nestor, 14 ans.
« Certains de nos camarades travaillent dans les carrières ou vendent au marché pour soutenir leur famille. Nous espérons que chacun pourra nous aider à grandir dans un environnement sûr et protecteur ».
De son côté, Alicia, 14 ans, a lancé un appel vibrant :
« Protéger un enfant, c’est investir dans l’avenir. Je rêve d’un monde où chaque enfant peut aller à l’école sans peur, sans faim, sans violence. Aujourd’hui, nous demandons à être écoutés et respectés ».
Les enfants ont été entendus. Les chefs de quartiers de Luwowoshi, Kipanta et La Vallée se sont engagés à renforcer leur collaboration avec les Réseaux Communautaires de Protection de l’Enfant (RECOPE) pour sensibiliser aux abus, promouvoir l’usage des boîtes à suggestion et encourager la dénonciation.
« Les enfants ont exprimé leurs préoccupations avec beaucoup de courage. C’est maintenant à nous d’agir concrètement », a affirmé Augustin Kazadi, facilitateur du bien-être de l’enfant chez World Vision.
« Cette journée dépasse le symbole : elle représente un levier de transformation sociale. Chaque quartier a un rôle à jouer pour que plus aucun enfant ne grandisse dans la peur ou soit laissé pour compte ».
Pour concrétiser cet engagement, 598 enfants ont reçu des kits scolaires comprenant des uniformes et des cahiers, offerts par World Vision à travers son programme local. Un soutien essentiel pour les familles vulnérables et la réintégration scolaire.
« C’est la première fois que je reçois un uniforme neuf. Cela me donne envie d’aller à l’école chaque jour », a confié Alicia, rayonnante, ses cahiers contre elle.
Les enseignants ont également salué cette initiative. « Beaucoup de nos élèves arrivent à l’école fatigués, car ils ont travaillé toute la nuit ou le week-end. Nous faisons ce que nous pouvons, mais nous avons besoin du soutien de toute la communauté pour protéger ces enfants », a expliqué un enseignant de l’école Les Délices du Savoir. « Cette journée renforce notre détermination ».
Les formes d’abus mises en lumière sont nombreuses. Il s’agit par exemple du travail dans les marchés, les carrières minières, la déscolarisation, les violences physiques et agressions sexuelles. Bien que connues, ces pratiques sont souvent passées sous silence. L’événement a donc servi de catalyseur pour briser ce silence, en plaçant les enfants comme porte-voix de leur propre protection.
La Journée de l’Enfant Africain 2025 à Luwowoshi a ainsi été bien plus qu’une cérémonie : un acte de mémoire, un moment de vérité, et un appel à l’action. Les voix de Nestor, Alicia et tant d’autres enfants ont porté un message clair : l’enfance mérite d’être protégée, écoutée et valorisée.
« Chaque enfant protégé, écouté et respecté devient un bâtisseur de paix pour demain », a conclu Kazadi.
Et c’est là tout le sens de cette journée : faire entendre ceux qu’on entend trop peu, pour construire un avenir juste, digne et équitable.