Histoire d’Angéline : « Quand les parents sont unis et s’aiment… »

Histoire d'Angéline - Tchad
Vendredi 18 septembre 2020 - 11:59

Le programme de World Vision à Bebalem est implanté dans le département de Ngourkosso, situé au Nord-Est de Moundou ; chef-lieu de la Région du Logone Occidental. Ce département est composé d’une sous-préfecture, un canton et 21 villages. Il fait partie des derniers programmes du bureau de World Vision au Tchad. Le programme comporte 13,583 participants directs dont 3,743 filles, 3,455 garçons, 3,112 femmes et 2,873 hommes. Angéline appartient à une fratrie de cinq personnes dont le père, la mère et trois enfants (deux garçons et une fille). Cette fratrie vit à 17 kilomètres de Bebalem. Le père s’appelle Ndorélembaye Florent ; sa principale activité, une agriculture de subsistance qui lui permet de prendre en charge les siens. Son épouse Dénéodjimbaye Rosine est ménagère. 

L’ainé de la famille, Sergent, a 10 ans. Il vient de terminer le CP2. Il est suivi de sa sœur Angéline, sept ans et une élève au CP1 –c’est bien l’histoire de ce deuxième enfant que nous relatons ici. Le troisième enfant c’est Sadrack qui a deux ans.  

Comme toutes les familles, la famille de Angéline vit dans une hutte rectangulaire faite de terre rouge battue. Entourée d’une clôture de fortune faite de matériaux provisoires (tiges de mil récupérées) qui surplombent des cases parsemées un peu partout et dont on aperçoit à peine les toits. Ici et là, quelques poules s’activent à gratter le sol pour obtenir de quoi se nourrir. Le type d’habitat des parents d’Angéline augure à première vue le type de précarité dans laquelle ils vivent quotidiennement. A l’intérieur de la cour, la petite Angéline assise derrière sa mère offre visiblement un regard empreint de questionnements au sujet de notre visite. Les parents quant à eux font montre de joie quoique ne sachant pas l’objet de notre présence. 

HISTOIRE 

L’année dernière, Angéline fit l’expérience douloureuse (pour tout enfant de son âge) de la séparation de ses parents pourtant mariés depuis 2010. Suite à une dispute en couple dont les belligérants n’entrevoyaient pas l’issue, ni ses conséquences, Florent n’eut pas d’autre choix que de congédier son épouse vers ses géniteurs. Angéline a dû payer un lourd tribut suite à cette décision de son père et dû désormais balloter entre la maison de son père et celle de sa grand-mère qui abritât sa maman Rosine. Si d’un côté, en dépit de son adolescence, Angéline fait face aux problèmes nutritionnels, vestimentaires et sanitaires, de l’autre côté, l’équation de l’absence de sa mère reste pour elle une équation à plusieurs inconnus. Cette douleur est comme une épée à double tranchant quand on se souvient des propos de la mère d’Angéline qui nous confie : « J’ai laissé mes enfants seuls et cela m’a beaucoup fait mal ». 

Comme il est de la responsabilité de World Vision, l’organisation a enrôlé dans son programme de parrainage la petite Angéline comme la plupart des filles de sa fourchette d’âge dans la localité de Bebalem. La machine se met donc immédiatement en marche pour passer au peigne fin la situation, question de lui trouver une solution définitive, à défaut durable. 

Dans un premier temps, les deux parents sont rencontrés séparément, puis ensuite une confrontation a eu lieu. Après avoir entendu la version des faits de chacune des deux parties, le désir de se réconcilier et revivre plus unis que jamais a prévalu pour le plus grand bonheur des enfants, et donc de Angéline. Ce fort désir a connu un élément fédérateur. Et c’est le quel ? 

Allons le savoir : Angéline vient de gagner un don spécial de 52,840 FCA (94 Dollars US). Quoique les conseils du chef de village, du pasteur et des agents de World Vision aient milité de manière significative à la réconciliation des deux parents, il ne faudra cependant pas occulter l’indéniable fait qu’en filigrane, cet apport financier ait joué un rôle important dans le résultat final. 

Les parents ont choisi de rester ensemble, question d’utiliser de manière consensuelle et collégiale les fonds alloués à leur progéniture pour les besoins de l’enfant. Ainsi selon les orientations de la petite Angèline, les parents ont mis à profit la cagnotte reçue pour l’achat de deux chèvres et une brebis.  

Aujourd’hui, Angéline trouve un immense bonheur de baigner dans la chaleur de l’amour parentale que lui offrent son père et sa mère dans cette reconstitution de leur mariage. Angéline est à l’image de ses deux autres frères et sœur, un enfant qui s’épanouit dans un cadre idéal : une famille unie dont les acteurs principaux (les parents) s’aiment. La petite Angéline est désormais stable et ne divague plus entre la maison parentale et celle de la grand-mère. Elle est en sécurité, s’épanouit bien sous le regard des deux parents et attend avec sérénité la rentrée scolaire prochaine pour arpenter le chemin de la recherche du savoir.

World Vison s’appuie sur cet exemple pour travailler davantage avec les parents dont les familles sont menacées de péril dans l’espérance que la réconciliation est toujours possible, car c’est en cela que les parents pourront bien accompagner les enfants dans l’apprentissage de la vie. 

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Écrit par Bruno Mbaihornom, Cluster Manager de Ngourkosso (bureau hors-siège) et revu par Mbaigolmem Alfred, Chargé Intérimaire de la Communication.