RD Congo : Le Parcours de Gloire – De la poussière à la Dignité

Chaque matin, les premiers rayons du soleil effleurent les toits en tôle de Tshikala 2, un quartier modeste de la province du Lualaba, en République démocratique du Congo. Ici, une figure attire tous les regards : Gloire, 18 ans, se déplaçant avec dignité dans son fauteuil roulant couleur café, un geste autrefois inimaginable.
Née sans l’usage de ses jambes, Gloire a grandi avec le sol comme seul allié. Chaque mouvement était un acte de courage : ramper jusqu’à la douche, jusqu’à l’église, simplement pour exister. Sa grande famille modeste l’entourait d’amour mais manquait de moyens pour améliorer sa mobilité. Bien que son père et ses sept frères et sœurs la portent parfois, la plupart du temps, elle se déplaçait seule, sur ses genoux.
Chaque matin, pendant que sa mère faisait frire des beignets à vendre, Gloire glissait sur le sol de la cuisine, puis suivait sa mère au marché, chaque mètre gagné grâce à la force de ses bras. Ses paumes s’endurcissaient sur la terre rugueuse ; pendant la saison des pluies, la boue s’accrochait à ses efforts. Malgré la douleur et la fatigue, Gloire refusait de se laisser abattre. Son sourire permanent cachait les larmes qu’elle versait parfois en secret. À 18 ans, son rêve était simple : se déplacer sans se blesser les mains et les genoux, regarder les gens dans les yeux plutôt que depuis la poussière.
Gloire trouvait du réconfort dans la musique et la foi, chantant dans la chorale de l’église même lorsqu’elle rampait ou était portée. Son récit biblique préféré était celui de Daniel dans la fosse aux lions, symbole d’espoir qu’elle aussi serait délivrée de son épreuve.
Son destin changea le jour où l’espoir frappa à sa porte. Un matin, alors qu’elle aidait sa mère, des visiteurs arrivèrent portant des gilets World Vision. Sa mère, méfiante au début, se souvient :
« J’étais suspicieuse. Nous avons déjà vu des gens arriver avec des promesses… puis plus rien. Le silence. »
L’équipe expliqua qu’elle faisait partie du programme Gift-In-Kind (GIK) de World Vision, distribuant des dons matériels, notamment des fauteuils roulants, pour redonner dignité et autonomie. La mère de Gloire avait du mal à y croire. Le doute s’estompa lorsqu’un volontaire déchargea un fauteuil roulant tout neuf. Gloire et sa mère échangèrent un regard stupéfait.
« C’est vraiment pour moi ? », murmura Gloire en touchant doucement l’accoudoir.
Avec soin, l’équipe l’aida à s’installer dans le fauteuil et l’ajusta à sa taille. Pour la première fois, Gloire était assise sans toucher le sol. Un rire s’échappa alors qu’elle avançait de quelques mètres.
« Ce fauteuil n’est pas juste un objet… c’est ma liberté », dit-elle, les yeux brillants de larmes.
Dans les jours qui suivirent, Gloire se déplaça de manière autonome dans sa maison et son quartier. Elle aide désormais sa mère à vendre des beignets, saluant les clients avec des mains propres et un sourire confiant.
« Ce fauteuil, c’est comme si quelqu’un m’avait greffé des jambes. Je ne suis plus à terre. Je me tiens debout. Je suis libre. »
Ses parents se réjouirent. Son père, Jean, l’appela une bénédiction :
« Je bénis World Vision. Ce don a changé nos vies. Ce n’est pas juste un objet ; c’est une porte ouverte vers l’avenir. »
Libérée de la rampe, Gloire gagna en confiance. Elle interagit avec les autres, participe aux conversations du village, va chercher de l’eau, rend visite à des amis et assume son rôle de grande sœur. La communauté, autrefois étonnée, l’admire désormais. Chaque dimanche, elle arrive à l’église dans sa plus belle robe, roulant dans l’allée. Sa voix dans la chorale est plus forte que jamais. Un dimanche, la congrégation organisa un service spécial de thanksgiving. D’une voix tremblante, elle partagea son témoignage :
« Dieu m’a montré que même dans ma plus grande faiblesse, je pouvais être entendue. Maintenant, je veux être une voix pour ceux que personne ne voit. »
Aujourd’hui, Gloire rêve de poursuivre ses études ou d’apprendre un métier. Son handicap, autrefois fardeau, est devenu un témoignage de résilience et de solidarité. Sa foi est plus forte que jamais, comme Daniel épargné par les lions, elle se sent elle aussi délivrée par la grâce.
Le fauteuil roulant est bien plus qu’un moyen de transport. Il représente une transformation profonde et un espoir, non seulement pour Gloire, mais pour d’autres enfants vivant avec un handicap. Au-delà des roues et du métal, elle porte la dignité retrouvée et le rêve d’une vie meilleure.