Journée Internationale de « tolérance Zéro » contre les mutilations génitales féminines (MGF)

©Angelina U. Nwachukwu_World_Vision_Vlgra_2016
Vendredi 5 février 2021 - 13:43

Aujourd’hui encore, on estime à plus de 200 millions le nombre de jeunes filles et de femmes, toujours en vie, qui ont été victimes de mutilations génitales. En cette journée du 6 février de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines, World Vision réaffirme son engagement pour la défense des droits fondamentaux des filles et des femmes.

Qu’est-ce que les Mutilations Génitales Féminines?


Les mutilations génitales féminines sont "des interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales" et "elles sont pratiquées le plus souvent sur des jeunes filles entre l'enfance et l'âge de 15 ans", affirme l'OMS. Les MGF sont classées en quatre catégories, détaillées dans une fiche d'information publiée sur le site de l'OMS.

Les mutilations génitales féminies ne présentent aucun avantage pour la santé, au contraire elles endommagent les tissus des organes génitaux et entravent le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. De plus, elles sont très peu pratiquées par des professionnels de santé. Le plus souvent, les exciseuses traditionnelles utilisent des lames de rasoirs et des ciseaux sans anesthésiques. Cette pratique provoque un risque d’infection élevé et de nombreux risques obstétricaux.

Taux d'excision variés selon l'âge

Au Sénégal, selon le rapport 2016 de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal, “Enquête démographique et de santé continue (EDS-continue)”, 23 % des femmes de 15-49 ans ont déclaré avoir été excisées", un taux en diminution par rapport à 2005 où il était de 28 %. Le pourcentage de filles de 0-14 ans excisées est de 13,6 %, selon le même document.

Quelles sont les croyances culturelles derrière ces mutilations ?

« Cela se faisait de génération en génération. Si tu refusais, on disait que tu n’étais pas respectueux des normes sociales », explique Coumbayel Mballo. « Pour nous, l’excision était l’occasion d’éduquer les filles. On organisait une cérémonie, le koyan, une fois par ans dans le village avec en général une vingtaine d’adolescentes », se souvient Thiékédié Mballo. Ce rite de passage, abandonné avec l’entrée en vigueur de la loi de 1999, durait deux mois. Les mutilées, le temps de la cicatrisation, étaient enfermées et soumises à des punitions comme celle de remplir une bassine de larmes. « On leur apprenait qu’elles devaient se soumettre aux hommes », poursuit-elle. « Maintenant que l’excision est faite clandestinement sur les bébés, ce geste n’a plus de sens car on a enlevé le volet éducation », continue-t-elle. « Et puis, nous avons été sensibilisées. Nous avons compris que ce n’était pas une bonne chose », assurent les deux anciennes exciseuses.

Comment lutter contre les Mutilations Génitales Féminines ?

L’approche communautaire de World Vision et le travail avec les équipes locales sont des facteurs de réussites clés dans l’accompagnement des populations vers l’abandon de la pratique des Mutilations Génitales Féminines. Au Sénégal, World Vision a beaucoup travaille avec les communautes de la region de Kolda en particular dans ses zones de programmes de Dabo et Velingara où la quasi-totalité des filles et des femmes en sont encore victimes.

« L’excision est le domaine réservé de la grand-mère, la personne la plus influente sur la mère de l’enfant. Ici, elle prétendait qu’une femme non excisée était impure », développe Oumarou Diallo, ex-agent de World Vision à Vélingara. « De 2005 à 2010, la politique répressive de l’État, les tentatives de reconversion des exciseuses et les grandes campagnes des ONG n’ont pas empêché cette pratique de perdurer », rappelle, Boubacar Fofana. « Depuis 2009 et la mise en place d’un programme basé sur les grands-mères, les mentalités ont évolué », poursuit ce spécialiste de la protection de l’enfance. Mais cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il a fallu convaincre. Selon une enquête réalisée par Grand Mother Project, 93 % des grands-mères de la région de Kolda se sont déclarées opposées à l’excision en 2011, contre 41 % en 2008!

World Vision a beaucoup les exciseuses formées à de nouvelles activités génératrices de revenus, afin de leur faire abandonner ces pratiques ancestrales si dévastatrices pour la santé des jeunes filles. World Vision implique dans son travail de sensibilisation les grands-mères, exerçant une réelle influence auprès de leurs petites filles, et parvient ainsi à faire reculer le nombre de mutilations de façon durable. Une pratique qui n’est donc pas inéluctable.

Entre 2013 et 2018, Sister Fa et World Vision ont conçu un programme unique d'ateliers créatifs, de road shows, de forums et de concerts à travers lesquels les droits de l'enfant ont été dramatisés, enseignés, appris et véhiculés! Un mélange unique d'art, de musique, de théâtre, de compréhension et de lobby. Les tabous culturels ont été diffusés, compris et traités avec créativité afin d'améliorer la compréhension et de promouvoir la réduction ou l'élimination de certaines pratiques violentes telles que les MGF et le mariage précoce. Depuis la création du programme, plus de 20 000 personnes ont participé à cette approche unique.

« Pendant des années, les femmes ont souffert de la violence due à l'ignorance de nos parents et pourtant nous ne méritons pas ce destin qui va à l'encontre de nos droits fondamentaux. Chers parents, sachez que les MGF sont une pratique dont nous devons nous débarrasser. Si un enfant est protégé, c'est tout un peuple qui est protégé » affirmait Adja, la porte-parole du gouvernement scolaire encourageant les parents à reconnaître le besoin nécessaire de changer d'attitude et de comportement à l'égard des mutilations génitales féminines.

Une autre facette du projet était des discussions face à face avec des législateurs clés et des influenceurs dans des forums communautaires où les droits des enfants étaient exprimés ouvertement et où un soutien était recherché pour renforcer et assurer que ces droits soient respectés.

Qui est Sister Fa?

Sister Fa

Une survivante des MGF ! Fatou Mandiang Diatta, alias "Sister Fa", est une artiste sénégalaise née à Dakar et résidant actuellement à Berlin, en Allemagne. Elle exprime son engagement politique et social à travers la musique, un mélange de rap, de reggae, de soul, de jazz, de musique mandingue et de mbalax. Les thèmes de ses chansons touchent la politique, les droits de l'homme, les conditions de vie des femmes africaines, les MGF, l'unité, le bien-être social et le bien-être des enfants.

« Je ne suis pas venu chez vous pour vous demander d'abandonner vos traditions et coutumes, je ne suis pas ici pour vous apporter une autre civilisation, je ne suis pas ici pour vous imposer un mode de vie, je suis là pour vous aider à mieux éduquer vos enfants. Je suis ici pour discuter avec vous de l'importance de respecter les droits des enfants qui souffrent énormément dans ces localités et j'espère qu'avec le travail que nous avons fait, nous pourrons vous aider à protéger les enfants qui seront les responsables de demain » déclarait Sister Fa lors d'un récent concert itinérant dans le sud du Sénégal en février 2017.