Les femmes se lancent dans le micro-crédit

Dans un grand nombre de ses programmes à travers le monde, World Vision facilite et soutient la mise en place des AVEC (Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit).
Mode de fonctionnement d’une AVEC
Ces associations sont constituées de femmes, membres volontaires, animées par la volonté de bénéficier de capitaux pour améliorer leurs conditions de vie, en particulier grâce au développement d'activités génératrices de revenus (AGR). Les membres, qui sont au nombre de 25 maximum par association, se réunissent de manière régulière pour épargner.
Ces associations sont destinées en priorité aux femmes car le but de cette approche est avant tout d’autonomiser et de responsabiliser les femmes en les encourageant à lancer leurs propres activités et à gérer de manière optimale les revenus qui en découlent. Cependant, il est possible qu'un ou plusieurs hommes participent, comme c'est par exemple le cas dans l'AVEC du village de Diokoul.
Les AVEC permettent d'instaurer un système de microfinance adapté aux réalités locales. En effet, le fonctionnement des associations repose sur la solidarité et sur la confiance mutuelle qui existe entre ses membres. De plus, les conditions d'octroi des crédits sont souples, ce qui permet aux ménages les plus vulnérables de participer. World Vision soutient la mise en place des AVEC et assure leur suivi, surtout lors des débuts. Cependant, l'objectif final est de rendre ces associations autonomes, afin qu'elles soient pérennes et que les impacts positifs qu'elles engendrent encouragent d'autres membres de la communauté à suivre cet exemple. Ainsi, ce système est mis en place dans des zones isolées du pays, sans qu'aucune interaction avec un système bancaire ne soit nécessaire. Cette autonomie et cette indépendance sont essentielles pour assurer l'efficacité et la durabilité de ces associations.
Concrètement, comment se déroule la réunion d'une AVEC ?
Concernant le système d'épargne et de crédit des AVEC, les membres épargnent sous forme de parts, ce qui constitue un fond de crédit pour emprunter de l'argent et mettre en place des activités.
- Les transactions sont effectuées pendant les réunions tenues publiquement et en présence de tous les membres.
- Les AVEC se réunissent régulièrement, environ une fois par semaine.
- Les jours de réunions sont fixés au préalable et indiquées dans le règlement intérieur.
A chaque réunion, un premier passage permet à chaque membre de donner une cotisation fixe et régulière pour alimenter la caisse de solidarité. Ce fonds fournit de petites sommes pour aider les membres à faire face à des situations d'urgence, suite au décès d'un proche, dans le cas d'une maladie, etc. Ensuite, un deuxième tour permet à chaque membre de donner une somme libre (en fonction des capacités de chaque membre) pour alimenter la caisse d'épargne et de crédit.
Ces montants, qui représentent des parts, sont indiqués dans les carnets de compte individuels. Par exemple, si un membre donne 2000 FCFA, l'une des responsables consigne 4 marques de tampons, ce qui correspond aux 4 parts qu'elle a donné. L'argent est ensuite réparti au bout d'une période précise (cette période est appelée un « cycle ».)
La valeur d'une part est déterminée au moment de la création de l'AVEC et peut-être réévaluée à la demande des membres, lors des assemblées générales. Souvent, les sommes sont peu élevées au début puis elles augmentent dès que la confiance des populations se renforce.
Quel est le rôle de l'animateur des AVEC ?
L'agent de terrain, également appelé « moniteur des AVEC » joue un rôle essentiel dans la mise en place des associations et dans leur processus d'autonomisation. Dès le début du projet, cet animateur participe à une session de formation de quatre jours, effectuée par le spécialiste "livelihood" (moyens de subsistance) et par le manager de la zone.
Cette formation lui permet ensuite de mobiliser la communauté autour de cette activité, de participer à la mise en place des associations, d'en expliquer le fonctionnement et de répondre aux questions des membres. Il est donc lui-même responsable de la mise en place des sensibilisations et des formations à destination de la communauté.
Une fois que les membres ont été sélectionnés et que le mécanisme se met en place, l'animateur aide à mettre en place les bases de l'AVEC. Par exemple, il accompagne les membres pour élire un bureau (notamment une présidente, une secrétaire et une comptable), élaborer un règlement intérieur et fixer les règles qui vont déterminer les modalités des transactions financières. Il fournit une aide et un soutien intensifs au cours des premières réunions puis les visites s'espacent progressivement pour permettre aux AVEC de devenir autonomes. La fréquence moyenne des visites est d'environ une fois par mois.
L'animateur est également en charge du suivi et de l'évaluation des performances. Les données récoltées sont ensuite transmises au niveau du bureau local, puis enregistré en ligne dans le but de partager et d'uniformiser les chiffres à l'échelle régionale voire nationale.
En quoi consiste le soutien de World Vision pour cette activité ?
World Vision apporte un soutien essentiel pour la mise en place des AVEC dans les zones les plus reculées du pays. L'organisation assure tout d'abord la formation de l'animateur ainsi que le suivi des performances de chaque AVEC.
Elle fournit également le matériel nécessaire :
- les carnets de compte individuels
- la caisse sécurisée (fermant à clé)
- les fournitures telles que les cadenas, les tampons, le bloc encreur, des stylos, de l'encre, une calculatrice, etc.
Il faut préciser que le système est très bien sécurisé puisque les clés, au nombre de trois, sont réparties dans les mains de 3 membres différents de l'AVEC. Ainsi, il faut que ces trois femmes se réunissent pour pouvoir ouvrir la caisse sécurisée.
De plus, le spécialiste livelihood du bureau local est en charge de récolter et d'analyser les données reflétant la performance des AVEC. C'est une manière d'en mesurer l'efficacité et d'adapter si besoin le fonctionnement des associations aux réalités locales.
Aperçu des performances des AVEC dans le programme de Diokoul (sur la base des dernières données récoltées en Janvier – Février 2016)
En parallèle de ces « AVEC formelles » (mises en place et suivies au niveau de World Vision), d'autres AVEC « spontanées » se créent. Certaines femmes, ayant pris conscience des avantages de ces associations, se mobilisent pour participer à ce système en bénéficiant des conseils des membres formés par l'organisation World Vision.
Cette possibilité d'épargne et de crédit a permis aux femmes d'initier ou de renforcer des activités génératrices de revenus, permettant ainsi d'améliorer la résilience des ménages. Il s'agit le plus souvent d'aviculture villageoise ou de petits commerces.
Dans le village de Médina Diokoul, Mame Diarra's a ainsi pu acheter des poules, un coq et construire un poulailler. Elle témoigne :
« Auparavant, nos revenus étaient insuffisants pour subvenir aux besoins de nos enfants. En peu de temps, grâce à l'AVEC, les revenus issus de la vente des poulets nous ont permis d'améliorer les conditions de vie de nos enfants (vêtements, nourritures, fournitures scolaires, accès à la santé) et d'envisager un avenir plus serein».