Les femmes ont mis fin au calvaire dans le village

A la recherche de solution à leur pénurie d’eau, le village à solliciter l’appui et l’intervention de World Vision pour la réalisation d’une adduction d’eau potable. L’organisation a répondu favorable à leur demande et a aussitôt programmé la réalisation de l’adduction pour un cout de 56,323,125 FCFA. (106,77 $)
Mercredi 14 juillet 2021 - 10:31

Le village de Dababougou est situé dans la commune de Ouolodo à environ une dizaine de kilomètres du chef-lieu de commune, dans le cercle de Kolokani. Il compte environ 1 000 habitants.Confronté à un sérieux problème d’eau depuis des années, le village présentait un calvaire pour les femmes et les enfants qui étaient obligés de se rendre dans des villages environnants pour chercher de l’eau sur des distances de 5km environ.

À la recherche de solutions à leur pénurie d’eau, le village à sollicité l’appui et l’intervention de World Vision pour la réalisation d’une adduction d’eau potable. L’organisation a répondu favorable à leur demande et a aussitôt programmé la réalisation de l’adduction pour un coût de 56 323 125 FCFA. ($101 500). La réalisation était conditionnée au paiement d’une contribution communautaire de 2 000 000 FCFA ($3 600). Pour honorer leurs engagements de paiement de contribution, les hommes ont mobilisé la somme de 1 700 000 de FCFA ($3 060) qui était insuffisant à cause de la mobilisation des fonds difficiles eu égard aux revenus des différentes familles.

Au désarroi des femmes et des enfants, l’adduction d’eau ne fut pas réalisée l’an passé, car la contribution volontaire n’était pas complète.

Cette situation n’a pas laissé les femmes indifférentes; l’honneur du village était à défendre selon elles. Les femmes des groupes d’épargnes ont vite compris qu’elles devaient agir pour le bien-être des enfants et de toute la communauté en venant en aide à leurs maris restés impuissants à la collecte de la contribution communautaire.

Les trois groupes d’épargne du village ont apporté une contribution financière de 300 000F CFA ($540)  pour compléter la contribution communautaire. Cette contribution a permis la réalisation de l’adduction d’eau dans le village.

Ibrahima Diarra, Notable du village, nous dit ceci : « Ce geste des femmes nous a interpelé, car les hommes sous estiment les femmes et ne les associe pas à nos initiatives. Nos femmes nous ont démontré qu’elles sont capables et désormais nous les associerons à tous les projets dans le village. Nous sommes fières de nos braves épouses. » Un proverbe dit « Derrière les grands hommes se cachent les braves femmes. »

Ces trois groupes d’épargne ont été mis en place par l’organisation dans le but de promouvoir l’autonomisation financière des communautés vulnérables et singulièrement les femmes, à travers le projet 'Renforcement des approches Nationales Communautaires visant à réduire le taux de mariage des enfants et autres formes de violence sexuelles et basées sur le genre dans la région de Koulikoro, Mali'.  

Mme Doumbia Nassoum Ballo, une bénéficiaire, nous dit: « Les hommes ne nous ont pas informé qu’ils avaient des difficultés pour payer la contribution communautaire; nous l’avons su par la lenteur de la réalisation du château d’eau. Nous avions contribué sans hésitation car la corvée d’eau repose plus sur les femmes et les enfants. Personnellement j’ai passé 22 ans à transporter l’eau potable sur une distance de 2 voire 3 kms. C’était vraiment un calvaire. »

Bourama Diarra, élève âgé de 11 ans témoigne: « Nous ne buvons plus d’eau insalubre, sinon boueuse, provenant des marigots. Nous ne souffrons plus de maladies diarrhéiques, de maux de ventre et de maladies urinaires dus à la consommation d’eau insalubre. Maintenant, nous nous l’avons régulièrement et partons à l’heure à l’école. Nos mamans ne font plus la corvée pour avoir de l’eau. Nous disons merci à nos parents et aux donateurs! »

« La corvée d’eau a empêché beaucoup de filles de continuer les études. D’autres ont préféré se marier dans des villages où il n’y avait pas cette corvée. Vraiment, aujourd’hui grâce aux donateurs, notre souffrance a pris fin. Mieux, nous avons moins de maladies liées à l’eau insalubre. Nos enfants et nous-mêmes nous portons mieux qu’avant »Ajouta Mme Doumbia.

Ces groupes permettent aux femmes d’épargner et de contracter des petits prêts en vue de mener des Activités Génératrices de Revenus. Grâce à leurs épargnes hebdomadaires compris entre 100 FCFA ($0,190) et 500 FCFA ($0.94) (par membres, chaque groupe a contribué à hauteur de 100 000 FCFA ($180) pour compléter la contribution communautaire afin de réaliser l’adduction d’eau.

En terminant ces propos, Mme Doumbia ajouta: « Les groupes d’épargne ont donné naissance à la cohésion sociale et constituent un pôle de rencontre pour les femmes qui pouvaient faire des mois sans se voir. Nous prenons en charge l’éducation des enfants, l’habillement, et nous améliorons le repas avec les produits transformés. Nos maris sont contents; fini avec les petites disputes familiales liées aux dépenses qui reposaient uniquement sur les hommes. 80% des femmes du village sont capables avec l’existence de ces groupes d’épargne d’aider leurs familles dans les dépenses. »